Ipad et presse horlogère

Avec le lancement de son iPad, Apple popularise, et médiatise, une nouvelle façon de consommer l’information. Toute la presse est concernée, y compris celle consacrée à l’horlogerie.

Publié sur WORLDTEMPUS le 6 avril 2010
Louis Nardin et Florent Bondoux – IC-Agency –

Apple possède une force qu’aucun autre constructeur informatique n’a réussi à développer : un pouvoir de proposition capable d’initier des mouvements de société. Les écrans tactiles de petits formats et intégrés dans des téléphones portables existaient déjà quand l’iPhone est sorti. Mais c’est ce dernier qui a popularisé cette technologie. Et avec l’iPad, le même schéma se dessine. Les tablettes numériques existaient, mais, à en croire les analystes, leur utilisation devrait littéralement exploser ces prochaines années, et cela suite au lancement samedi dernier de l’iPad aux Etats-Unis. Une fois de plus Apple incarne donc le début du phénomène.
En soit, l’iPad n’apporte aucune nouvelle innovation technologique majeure. Il propose à la place une façon différente de consommer l’information à travers une machine ludique, pratique et esthétique à en croire les commentaires des premiers utilisateurs. Les fans de technologie y voient peu d’intérêt, à juste titre. C’est que l’enjeu réside ailleurs.

L’iPad, et avec lui toutes les tablettes de dernière génération dont le niveau de performances général tend à s’harmoniser, participe à faire tomber un dernier bastion symbolique: celui des livres numériques, et des longs contenus rédactionnels. Dans le même esprit, après les quotidiens disponibles en ligne, vient le tour des magazines dont certains opèrent déjà leur mue pour créer une version spéciale destinée aux e-books. L’horlogerie et sa presse y viendront également, n’étaient la question des temps de développement et des investissements nécessaires qui pourraient rallonger l’apparition des premières parutions.

L’iPad entend populariser<br />
l’utilisation des e-book pour lire des livres numérisés © DR
L’iPad entend populariser l’utilisation des e-book pour lire des livres numérisés © DR

Littérature digitale

A l’ère du tout numérique, où convergent petit à petit Internet, e-mail et téléphonie mobile, les livres restaient encore un bastion protégé de la culture, cantonné, pour différentes raisons, à occuper nos étagères et remplir les bibliothèques universitaires. Selon un sondage récent du Figaro, si le plaisir de feuilleter des pages ne disparaîtra pas, 22% des personnes interrogées s'imaginent à l'avenir lire un roman ou un essai sur ordinateur ou sur un e-book.

Une situation qui va rapidement évoluer avec le lancement l’iPad. La machine permet en effet d’offrir une lecture plus simple, intuitive, qualitative et interactive, une annonce qui a fait l’effet d’une bombe dans le marché des e-readers et autres tablettes numériques. Car si la marque à la pomme parvient à dupliquer le succès commercial de l’iPhone – premier smartphone réellement populaire – allié au business model à succès d’iTunes Store – qui détient 70% de part de marché du téléchargement légal de musique – avec l’iBooks Store, son équivalent pour des livres numérisés, les acteurs déjà présents sur ce marché vont devoir réagir rapidement et avec vigueur. Outre une lecture agréable et optimisée des livres numériques, le réel avantage compétitif de l’iPad par rapport à ses principaux concurrents comme le Kindle d’Amazon ou le Sony Reader, réside dans la panoplie de services connexes offerts comme la navigation web, l’e-mail et le multimédia, sans oublier les fameuses «apps» rendues célèbres avec l’iPhone et désormais disponibles sur la tablette d’Apple. Attention pourtant à ne pas se méprendre sur le rôle de l’iPad. «Comparer l’iPad à un ordinateur portable revient à confondre deux écoles, explique Katja Schaer, dans le quotidien Le Temps. L’ordinateur est d’abord un outil de travail. La tablette, elle, est surtout un objet de loisirs.»

Information interactive

La plupart des éditeurs internationaux ont déjà pris le train en marche et proposent une version optimisée de leurs journaux et magazines pour l’iPad. Applications ou sites optimisés seront les canaux principaux au travers desquels on accédera au média. A la différence de l’iPhone, et même de la traditionnelle navigation web via un PC, l’iPad devrait ouvrir la voie à de nouvelles interactions avec l’information. Et c’est là que les éditeurs mais également les marques, doivent faire preuve d’inventivité et de créativité. En effet, l’écran 100% tactile permet d’interagir avec tout élément de contenu en touchant directement l’écran. Aux oubliettes l’utilisation de la souris et du clavier, on peut directement modifier, redimensionner, zoomer, faire apparaître les informations contextuelles sur le contenu.

D’un point de vue annonceur, l’impact se fera ressentir par d’avantage d’opportunités originales pour séduire, développer l’émotionnel, et fidéliser son audience par une présence optimisée sur l’iPad ainsi qu’une offre réellement différenciée de ce qui est déjà proposé sur le web. De plus, en numérisant la distribution des titres, les données de circulation – sans parler du profilage des lecteurs – seront aisément mesurables, et d’autant plus transparentes.

Horlogerie concernée

A quoi ressemblera donc le magazine horloger de demain? Les e-books pouvant diffuser textes, images, sons et vidéos, les futurs contenus rassembleront de l’information sous toutes ces formes. Un article pourra par exemple se délivrer sur la base d’un texte principal servant de colonne vertébrale à une multitude d’informations connexes. Tels des dossiers spécialement créés pour le web et existant déjà sur certains médias, l’article sera émaillé d’illustrations et d’inserts vidéo ou sonores. Le cliché d’une montre servira par exemple d’entrée pour une galerie consacrée au modèle. Autre exemple, un zoom sur une complication se transformera en une animation du mécanisme de quelques secondes. Pour autant que la qualité soit au rendez-vous, il sera désormais possible d’entendre la sonnerie d’une répétition minutes, et même d’observer son fonctionnement. Les créateurs de contenu jouiront d’une liberté nouvelle pour inventer à chaque fois un univers autour du sujet qu’ils traiteront. En amenant une nouvelle façon de communiquer, l’iPad et ses concurrents provoquent indirectement une redéfinition des métiers de l’information. La presse horlogère et l’horlogerie dans sa globalité devront trouver leurs propres voies pour apprivoiser ces nouveaux outils.

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