Confidentialité 2.0

Comment le futur candidat à la présidence des Etats-Unis assumera- t-il, en 2048, les photos de ses soirées alcoolisées qu’il publie aujourd’hui avec insouciance sur MySpace ?

La "mémoire du réseau" et le danger potentiel qu’elle représente pour la vie privée et la réputation des individus sont des problèmes aussi vieux que le Web. Ils retrouvent aujourd’hui une actualité brûlante avec l’augmentation croissante du nombre d’internautes, du temps passé en ligne et de la multiplication du user-generated-content.

"On the Internet, nobody knows you’re a dog"

Il serait faux de croire que l’expression citoyenne sur Internet est nécessairement publique et assumée comme telle. En réalité, les contenus sont souvent destinés à une audience limitée et leur accessibilité planétaire et permanente ne correspond pas toujours à la motivation de leurs auteurs, surtout lorsque ces derniers sont identifiables. Le recours à l’anonymat ou l’utilisation de pseudonymes sont des comportements fréquents pour limiter les impacts d’une exposition publique. Cette "dissimulation" de l’auteur peut toutefois se faire au détriment de la crédibilité de son message, sans parler des risques d’usurpation d’identité.

L’importance des blogs privés

Il existe bien évidemment des moyens techniques de limiter l’accès à des données considérées comme confidentielles. Ces moyens sont d’ailleurs largement utilisés dans un espace traditionnellement considéré comme "ouvert": celui des blogs. Fréquemment ignoré – sans doute en l’absence de statistiques globales – le phénomène des blogs privés a néanmoins une certaine importance. Par exemple, environ 62% des 720 blogs créés sur la plate-forme de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) sont privés. Un pourcentage similaire (70%) est constaté sur la plate-forme de Microsoft France (source).

Des identités relationnelles et concentriques

Avec l’augmentation du volume de contenus générés par les utilisateurs et l’utilisation croissante du Web comme canal de communication – également par les entreprises – le besoin de véritables outils de gestion de l’identité et de la confidentialité se fait de plus en plus ressentir.

La stricte opposition "public/privé" ne me semble pas suffisante pour englober toute la diversité des usages d’Internet. Dans cet espace social fait d’interactions constantes, le soi se définit essentiellement par les relations qu’il tisse avec les autres. L’identité y est relationnelle et la part de soi que chacun consent à dévoiler dépend des différents contextes dans lesquels il évolue et se dessine de façon concentrique : telle photo est destinée uniquement à ma famille, telle autre uniquement à mes amis, cette troisième visible par tous, etc.

A l’heure des applications Web, il n’est pas rare qu’un utilisateur crée plusieurs comptes sur des services différents (BaseCamp, Flickr, Gmail, LinkedIn, etc.) et parfois sous des identités distinctes, que certains appellent personomies. Plusieurs initiatives allant dans le sens d’une gestion centralisée de l’identité en ligne ont vu le jour. Elles tendent principalement à renforcer la maîtrise des utilisateurs sur leur identité et leur réputation, en réduisant la dépendance vis-à-vis de ces services tiers (pour lesquels le profilage des utilisateurs constitue parfois un élément du modèle économique).

Parmi ces initatives, OpenID – qui pose le principe de l’URL comme identifiant unique – est certainement la plus intéressante, dans la mesure où elle repose sur une spécification ouverte et dispose d’un support croissant.

Vers des outils de gestion de l’identité en ligne

L’identité en ligne ne se résume pas à un identifiant unique et la maîtrise de tous les éléments qui la composent (actions, relations, attention, etc.) constitue sans aucun doute, outre les aspects liés à l’authentification, le principal défi à relever pour les outils de gestion de l’identité en ligne. Microsoft et Yahoo! ont déjà intégré la messagerie instantanée dans leur plate-forme de publication en ligne et permettent aux utilisateurs de limiter la visibilité d’un contenu à leurs contacts MSN ou Yahoo Messenger. Les informations disponibles de façon structurée – que ce soit sous la forme de fichiers FOAF ou de microformats – aideront certainement à la définition de personomies encore plus précises. Leur accessibilité devrait toutefois pouvoir être modulée, afin que les utilisateurs puissent conserver la maîtrise sur ces données.

Quel lien avec IC-Agency ?

IC-Agency suit de près toutes les évolutions relatives à l’expression citoyenne sur Internet, tant nous sommes convaincus que cette prise de parole des utilisateurs aura un impact croissant sur nos vies quotidiennes.

Nos activités en matière de Reputation Management font que nous sommes également naturellement intéressés par toutes les questions liées à l’identité et la réputation en ligne. Celles-ci concernent tant les particuliers que les entreprises et nous explorons actuellement toutes les solutions qui nous permettront d’apporter dès demain des réponses aux nouveaux défis à venir.

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One Response to Confidentialité 2.0

  1. layani says:

    heureux de savoir que tout le monde est de retour car l'été se faisait long et l'article guide finance commencait à se faire vieux un grand merci pour ce retour en fanfare avec des articles fort intéressant